Association du patrimoine artistique asbl

Hippolyte Boulenger (1837-1874)

Exposition du jeudi 23 février au 1er avril 2017 à l'Association du Patrimoine artistique

7 rue Charles Hanssens (Sablon) à 1000 Bruxelles

jeudi, vendredi et samedi de 14.00 à 18.00

Cette rétrospective comporte une sélection d'une cinquantaine d'œuvres issues exclusivement de collections privées belges

Au milieu du XIXe siècle, dans l'ambiance sociale oppressante de la Belgique, en pleine révolution industrielle, Hippolyte Boulenger fut un artiste marginal en rupture complète avec l'ordre bourgeois et l'académisme dominant. Né à Tournai, de mère française et de père belge, il fut orphelin à seize ans. Il vécut brièvement auprès de sa famille maternelle à Paris et semble avoir alors pris connaissance de l'existence de l'école de Barbizon mais aussi des idées de la gauche révolutionnaire. Il rejoignit ensuite Bruxelles et tenta d'y survivre en travaillant sur le chantier de la rue Blaes tout en suivant les cours de peinture à l'académie. Mais il refusa l'enseignement dispensé alors par Navez et Portaels. Survint ensuite un épisode fondateur où le jeune homme, sans le sou, partit vagabonder dans la campagne à la recherche de sensations vraies et chercha ainsi à échapper à sa condition misérable. Errant comme Rimbaud le fera un peu plus tard, il se remplit au contact de la nature d'un sentiment d'existence et de liberté qui nourrira sa volonté artistique. Sa peinture connait un succès immédiat auprès des artistes et des amateurs éclairés. Mais le caractère rugueux et intransigeant de l'artiste lui aliène aussi la critique et les marchands qu'il méprise, auxquels il consent à peine à vendre ses œuvres. En contact avec les milieux anarchistes et révolutionnaires, il connait une vie de bohème et aidé par l'artiste Van Camp il s'installe dans une auberge à Tervueren à proximité de la campagne et de la forêt. Il sera rejoint par un groupe d'artistes, émules des orientations de son art vers le paysage et convaincus par les innovations luministes qu'il y apportait. Les privations et les excès de sa jeunesse ont précipité sa mort à l'âge de trente-sept ans.

Pierre Loze

Avec l'aimable participation de la collection Barat-Venker ainsi que celle de l'asbl-vzw De Vrienden van de School van Tervuren et de bien d'autres collectionneurs.

Hippolyte Boulenger fut un paysagiste de génie, farouche et solitaire, actif dès la fin des années 50 et mort prématurément aux débuts des années 1870. Il mena une existence de bohème marquée par l’intransigeance artistique et la pauvreté. Initiateur de l’école de Tervueren, il a influencé toute une génération de paysagistes belges.

Constantin Ekonomides l’a suivi sur les chemins qu’il a parcouru, il a retrouvé ses complices et retracé le climat intellectuel dans lequel il a réalisé une œuvre qui compte parmi les plus significatives de l’art du milieu du XIXe siècle en Belgique.

À Tervueren, l'élan créatif d'Hippolyte Boulenger s’épanouit, il crée des œuvres d’une grande maîtrise et spontanéité. Il aborde tous les sujets: sous-bois, clairières, ruisseaux, intérieurs des fermes, champs, rochers... À travers ces pochades pleines de verve et de poésie, l’artiste ne cesse de renouveler son vocabulaire artistique: plans rapprochés, tons saturés, touches prestes et enlevées, jeux de matière à l’aide du couteau à palette. On ressent déjà les prémices d’une peinture nouvelle, qui cherche à s’affranchir du motif pur et simple.

Ma besogne qui avance, augmente en même temps d’intérêt et j’ai toute la peine du monde à l’interrompre. je voudrais arriver au point où je serais sûr de mon tableau quand il sera établi dans tout son ensemble, pour pouvoir l’abandonner ensuite pendant un temps prolongé.

Hippolyte Boulenger, Lettre à sa femme Léonie Du Pré, Anvers, 1871