Association du patrimoine artistique asbl
CECILE MASSART Construire la mémoire
vernissage jeudi 14 avril 2016 de 18 à 21h.
exposition du 15 au 30 avril 2016
jeudi, vendredi et samedi de 14 à 18h.
Association du patrimoine artistique,7 rue Charles Hanssens, 1000 Bruxelles +32 (0)2 512 34 21
Rencontres avec Cécile Massart au cours de l’expositiondu jeudi 21 au samedi 23 avril (15 à 17h) et du jeudi 28 au samedi 30 avril (15 à 17h)
Notre société utilise l'énergie nucléaire. Dans chaque pays nucléarisé, les résidus de cette activité sont gérés par des agences. Celles-ci travaillent à la conception des structures industrielles pour le stockage des déchets faiblement radioactifs mais aussi de ceux qui seront enfouis dans les sous-sols argileux, granitiques, salins. On sait que les délais de dangerosité de ces déchets hautement radioactifs concernent des périodes de temps qui dépassent notre entendement : 600.000 ans. Comment transmettre aux hommes qui viendront après nous la connaissance de l'existence de ces sites?
Dérangée dans sa conscience par l'idée de les cacher, de les camoufler sous la terre en imitant par exemple des collines naturelles et donc d'en dissimuler l'existence, Cécile Massart s'est interrogée sur la manière de les montrer et propose au contraire de les marquer pour en signaler l'existence aux générations futures, en les magnifiant. Ce travail artistique, qui mêle une approche de plasticien à une information rigoureuse, est nourri par la visite de nombreux sites de stockage existant ou en construction. Il a pour but de rendre lisible à la surface de la terre cette strate archéologique des XXe et XXIe siècles et d'appeler à la responsabilité de tous. Son action à pour objectif que la société civile qui consomme soit éduquée à l’idée d’être actrice dans la transmission de la mémoire.
Dépassant complètement l'opposition à ce type d'industries qui se heurte d'ailleurs immédiatement à un mur, Cécile Massart s'est informée et a su entrer en dialogue avec des groupes de recherches et certaines agences qui travaillent à la sécurité et à la préservation du monde vivant face à cette activité industrielle. En poursuivant jusqu'à leurs conséquences les plus lointaines les choix qui ont été faits, Cécile Massart s'est fait entendre en ouvrant un vaste champ de réflexion sur la mémoire humaine et en alertant sur la transmission de connaissances à laquelle nous ne pouvons plus désormais nous dérober.
Sa conception de ces sites mêle étroitement l'intégration dans le paysage à une volonté de transmission aux civilisations à venir en faisant l'hypothèse de lieux visibles, et même magnifiés, vivants et visitables, qui seraient des laboratoires de mémoire. Pour éduquer et en parler, elle les imagine comme des lieux dont la forme architecturale sera spécifique, voués à ceux qui auront la mission de transmettre et relayer la responsabilité de cet héritage, comme des espaces collectifs ouverts et transparents, mis à la disposition des générations qui vont nous succéder. L’édition des dessins Les laboratoiresillustre ce projet.
Dans cette logique, nous ne pouvons que la suivre à moins de faire l'autruche. Son exploration des questions actuelles concernant les déchets l’a conduite jusque dans la préfecture de Fukushima où elle s'est rendue en mai dernier. Cinq ans après la catastrophe, elle y consacre un livre d'artiste La couverture immatérielle (livre signé et numéroté. Certaines pages rehaussées par l’artiste. Textes en français, anglais et japonais).
Rencontres avec Cécile Massart au cours de l’exposition
jeudi 21, vendredi 22 et samedi 23 avril de 15 à 17h
etjeudi 28, vendredi 29 et samedi 30 avril de 15 à 17h
L'exposition sera ensuite présentée en mai au Japon et en novembre au Bildmuseet à Umea en Suède.
Pierre Loze
Cécile Massart est une artiste qui utilise différents médiums: dessin, gravure, installation, photographie, vidéo, livre d’artiste.
De 1977 à 2005, elle a été professeur de gravure à Ixelles. Au début des années 80, le pixel passionne l’artiste. Jusqu’en 1994, elle réalise une série d’œuvres sous le titre «Graph et Pixel Story». De nombreux lieux d’exposition présentent son travail, dont le Musée d’art moderne de Bruxelles, le Museo d’Arte Contemporaneo de Sao Paulo, des galeries d’art en Belgique et à l’étranger. Ses œuvres font partie de collections privées et publiques.
A partir de 1994, la question de l’identification des sites de stockage de déchets radioactifs dans le paysage devient son principal sujet de travail. Elle entend alors sensibiliser les responsables des agences de gestion des déchets radioactifs à la visibilité de ces lieux. Ses premières recherches graphiques sont reprises sous le titre générique «Un site archivé pour Alpha, Bêta, Gamma». Des expositions et conférences ont lieu conjointement aux reportages photographiques réalisés sur différents sites en Europe, au Brésil, au Japon, et aux Etats-Unis.
Cécile Massart développe un vocabulaire architectural comme mode de lecture de ces sites: les marqueurs ou archi-sculptures. Ses œuvres graphiques et ses recherches ont pour objectifs une plus grande connaissance du stockage, et une étude de leur vie au sein des paysages pour le futur. En 2009, la publication de «Cover regroupe» un ensemble de dessins concernant des esquisses basées sur des vestiges du passé et éveille à la spécificité du marquage des lieux de stockage. Les dessins, sérigraphies, installations, photos, témoignent de la nécessité de transmettre la mémoire des sites et d’assurer ainsi la sécurité du monde vivant.
En 2014, suite à une résidence aux USA une série de dessins «Les laboratoires» est éditée. Au cœur du processus de construction de la mémoire, le projet d’installer des laboratoires à la surface et pendant le remplissage des galeries des sites de déchets hautement radioactifs, permet l’émergence d’un nouveau type d’œuvres à caractère éthique conçues avec des philosophes, ingénieurs, sociologues, scientifiques et les riverains.
Après Bruxelles, elle présentera son travail à Tokyo:
«CONSTRUTING MEMORY» Gen gallery: vernissage le 9 mai 2016 de 16h à 20h. Exposition du 9 au 21 mai 2016. Free talk le 14 mai 2016 de 13h30 à 16h – Ginzaichi Bldg, 1-110-19 Ginza, Chukoku, Tokyo.
Présentation de l’édition «Les laboratoires».
Suite à une résidence dans la préfecture de Fukushima en mai 2015, l’artiste présentera son livre d’artiste «La couverture immatérielle». Après la catastrophe de la centrale Daiichi, elle témoigne de la difficulté de gérer les déchets, de vivre dans des paysages transformés par le stockage. Pour les riverains des centrales nucléaires, elle émet l’idée de construire des shelter-studios, physiques ou virtuels où développer une Nuclear Culture.
«LA CONSCIENCE DU PAYSAGE» conférence. Ambassade de Belgique, le 13 mai à 18h. – Nibancho 5-4, Chiyoda-ku 102-0084 Tokyo
L’artiste y présentera ses recherches des 20 dernières années ainsi que son livre d’artiste «La couverture immatérielle».