Association du patrimoine artistique asbl

MAXILIAN    

PEINTURES

exposition du 9 au 24 octobre 2015

Ses tableaux sont nés d'une longue fréquentation de la peinture, du plaisir de la regarder, de l'éblouissement devant un jaune chez Bonnard, de l'enchantement suscité par un rouge chez Manet, du choc émotionnel provoqué par la rencontre de deux couleurs chez Nicolas de Staël... Et cette façon de s'impliquer dans la peinture, de dévorer de yeux les couleurs, de vibrer aux sensations qu'elles procurent, ne pouvait que déboucher un jour sur le désir de s'acheter des pinceaux... Tel est le parcours et la formation de ce peintre, lecteur assidu des écrits théoriques de Kandinsky.

Inventeur de l'art abstrait, Kandinsky a ouvert un nouveau continent à la création. Et pourtant, il n'est pas certain que nous l'ayons exploré très loin dans la direction qu'il suggérait. Le style, la manière, l'écriture personnelle de ses successeurs sont venus bien vite caractériser et rendre reconnaissable à nos yeux un Hartung, un Wols, un Poliakoff, un Pollock. La recherche de la sensation, de l'abstraction et de la relation transcendante avec le monde, s'est ainsi brouillée devant celle de l'originalité, du jeu des identifications et de la reconnaissance des formalismes de chacun de ceux qui ont dessiné les lignes de faîte d'une histoire de l'art moderne.

Il y a dans la peinture de Maxilian, qui revisite obstinément les fondements de l'art abstrait, un effort pour rester en deçà du signe graphique, de l'écriture ou du style. Cette volonté est une mise en danger, il lui faut tenir sur ce fil qui est une brèche sur le vide, avant la forme, évitant toute cristallisation dans un signe, captant un élan qui reflète un moment de l'être, un jaillissement, un tourbillon, une énergie, expression d'une pure sensation physique ou morale, sans aucun référent. Mais il est toujours possible qu'à défaut de repères, d'adhésion et de partage de ce qu'il y a à voir, le non-sens vienne à l'esprit de qui regarde.

Sa peinture nait d'un besoin primaire, expression d'un élan vital, et ce geste pictural dans sa crudité est presque à l'art ce que le chant d'oiseau est à la musique, un appel à l'éveil, un cri dérangeant, incongru, qui perturbe le dormeur, un arrachement aux conventions qui font de l'existence une banalité et de l'art un jeu de signes bien codé. Il se pourrait que dans un demi-sommeil nous allions fermer la fenêtre...

En effet, dans ce type d'art, il ne dépend que du spectateur du tabeau qu'il se passe quelque chose en lui, lorsqu'il s'approche. L'exercice du regard n'est pas moins exigeant pour lui que pour le peintre au moment où il a réalisé le tableau. Le retour complice sur un moment d'inspiration, inscrit dans l'instant et figé sur la toile, est le véritable enjeu de cette peinture. Elle cherche à mener le spectateur, hors du temps, hors de tout lien matériel, idéologique ou même culturel, dans une sorte de vertige de liberté esthétique partagé. Par son attitude de détachement, elle s'apparente aux stèles romaines qui au bord du chemin s'adressaient aux vivants pour qu'ils leur prêtent un regard : elle dit sans affirmer, laisse apparaître à travers l'étendue des sensations possibles quelque chose qui peut nous unir, elle ouvre une voie qui laisse le temps en suspens dans la simple contemplation de l'existence et des énergies qui nous animent.

Pierre Loze - juillet 2015

Commentaires de JL Zielbauer sur un tableau de Maxilian intitulé : Les élections américaine...Trump (C'est le tableau rouge qui défile ci-dessus...à vous de le reconnaître)

Après avoir reçu ton envoi que j’ai regardé avec attention, j’ai préféré ne pas te répondre directement; j’avais notre conversation encore trop en tête.

J’ai donc choisi de t’oublier et de ne revenir à ton oeuvre que lorsque son souvenir me réapparaîtrait. Je puis donc maintenant comparer la trace laissée en moi à son modèle d’origine.

J’avais gommé fureur et puissance pour ne garder, comme impression forte, que le centre plus ou moins exact du tableau, cette sorte de petit hachurage disgracieux et véhément dont la part la plus importante semble avoir déjà pénétré les interstices de l’ensemble.

Cet élément qui surnage à ma mémoire m’évoque la façon dont un enfant biffe le monstre trop monstrueux qu’il a dessiné.

Ou, plus précisément encore, un talisman chinois très particulier, qui sert à protéger la maison d’une épidémie lorsqu’il est apposé sur sa porte.

Le mal ne passera pas !

Ce signe exprime, à la fois, une totale fermeture et l’habile renvoi des choses indésirables à leurs origines.

Ce que j’ai tenté de décrire semble bien opérer mais je retiendrai tout autant, la séduction joyeuse qu’il suscite d’autant plus en moi qu’elle contredit ce qui me semble être l’intention première.

Jean-Louis Zilbauer

Impressions, Improvisations, Compositions...

Hommage à Kandinsky

C’était l’heure du crépuscule naissant. J’arrivai chez moi avec ma boîte de peinture apreès une étude [...], lorsque je vis soudain un tableau d’une beauté indescriptible, imprégné d’une grande ardeur intérieure. Je restai d’abord interdit, puis je me dirigeai rapidement vers ce tableau mystérieux sur lequel je ne voyais que des formes et des couleurs et dont le sujet était incompréhensible. Je trouvai la clé de l’énigme : c’était un de mes tableaux qui était appuyé au mur sur le côté. J’essayai le lendemain de retrouver à la lumière du jour l’impression éprouvée la veille [...]. Je n’y arrivai qu’à moitié : même sur le côté je reconnaissais constamment les objets et il manquait la fine lumière du crépuscule. Maintenant, j’étais fixé, l’objet nuisait à mes tableaux.

Lorsque l’on regarde les couleurs sur la palette d’un peintre, un double effet se produit: un effet purement physique de l’œil charmé par la beauté des couleurs tout d’abord, qui provoque une impression de joie comme lorsque l’on mange une friandise. Mais cet effet peut être beaucoup plus profond et entraîner une émotion et une vibration de l’âme, ou une résonance intérieure qui est un effet purement spirituel par lequel la couleur atteint l’âme.

Kandinsky (Regards sur le passé et autres textes, 1913).

Maxilian peint comme il respire. C’est devenu un besoin impérieux. Comme on remplit ses poumons d’air, lui plonge ses pinceaux dans la couleur, comme l’on expire ensuite, lui jette ses couleurs sur la toile. Des couleurs, franches et vives le plus souvent, qu’il appose avec bonheur ou rage. Ceux qui regardent ses œuvres ressentent en effet ses moments de joie, mais aussi ses indignations. Il vit en peintre les sentiments contradictoires que lui inspire notre monde, cette société bâtie sur des concepts qui s’écroulent et qui devront changer si nous voulons croire, comme lui, que notre monde a un avenir décent. Un avenir que nous pourrons laisser sans honte à nos enfants, à tous ceux qui veulent d’un monde basé sur des valeurs dignes et respectables dont nous pourrions être fiers.

C’est par le biais de la peinture que Maxilian a trouvé la manière d’exprimer à la fois ses protestations et son désir d’un monde plus équitable. C’est seulement ainsi qu’il peut encore admettre de s’insérer décemment dans notre société et se la rendre vivable. Au quotidien, il affiche clairement ses opinions face aux injustices. C’est un indigné qui lorsqu’il peint retrouve sa sérénité et s’il peut la faire partager, son but est pleinement atteint. Sa colère, qu’il a longtemps contenue, a trouvé son exutoire. Sa nécessité vitale de peindre ne le quitte plus. La manière d’exprimer sa révolte face à cette société - dans laquelle il s’est cru autrefois inséré - nous propose une échappatoire ou plutôt nous ouvre les fenêtres dont nous avons besoin, nous aussi, pour ne pas crever asphyxiés!

Dominique Vautier