Association du patrimoine artistique asbl

Hommage à Daniel Deltour 1955-2010
espace d'exposition


photos

Peintures-mobilier-architecture-photographies


Il avait une façon bien à lui d’aller chercher la beauté comme une irradiation, avant que ne s’impose l’image, avant qu’elle ne se referme en icône et que le galimatias de la culture ne s’en mêle. Il aimait chatouiller l’essence, celle de la peinture ou de la couleur dans ses tableaux, celle de la matière ou de la géométrie dans ses meubles ou son architecture. Pour cela, il avait quelques complices : Charles-Edouard qu’il citait volontiers, mais aussi Héraclite qu’il avait bien lu. Car il ne mâchait pas ses mots et à la sagesse des anciens, il préférait la fureur antique du logos présocratique, le rire sardonique, le coup de gueule ou le coup d’éclat. Il maniait la parole comme le chalumeau, avec des incandescences verbales ravageuses et des effets foudroyants. Il avait aussi des ennemis irréductibles et des aversions incommensurables. Revenu au monde avant l’image, il y débusquait la sensation pure et vive, aimant l’excès, voyant la vie comme un galop flamboyant jusqu’à la chute, météore dans un monde ramené au cours des astres. Hippocrate n’a rien pu pour lui. Bravo l’artiste. La terre a tourné une fois sur elle-même depuis qu’il a disparu. Tout coule, rien ne reste, écrivait-il en lettres d’or sur un de ses tableaux de jeunesse. Nous ne marchons jamais dans la même eau du fleuve, sur un autre. Plus que les objets qu’il nous laisse, il nous reste avec lui le souvenir et la conscience plus aiguë des rayons de lumière qui ont traversé l’espace pour venir se poser sur les choses.



Pierre Loze. Janvier 2011

Il y a un an, en janvier 2010, la mort inopinée de Daniel Deltour nous jetait dans la tristesse : nous perdions un ami, un artiste, un confrère, un professeur, un homme que nous avions tous apprécié. Nous étions nombreux au cimetière d’Ixelles. Sous la pluie, les ballons rouges apportés par ses élèves semblaient quitter difficilement la terre et nous rappeler qu’il était parti bien trop tôt.

En préparant la présente exposition, nous avons découvert tous les domaines dans lesquels Daniel avait excellé : peinture, dessin, mobilier, architecture, écriture, photographie…

A travers la photographie à laquelle il s'est adonnée tardivement, il révèle mieux encore tous les aspects de sa sensibilité. Exigence plastique, rigueur, ordre, désordre, humour, humeur, joie, colère, rire, poésie… Attentif à un vol d’oiseaux comme à celui d’un avion, curieux du travail des hommes : bâtisseurs, constructeurs de machines, de voies ferrées ou de buildings. Son regard est attiré par la couleur, ce rouge qui le fascine, les contrastes noirs-blancs et même les teintes nuancées de la nature : le rose des cerisiers du Japon ou le vert des jeunes feuilles. Et puis, il y a le mouvement, celui des marées comme celui d'un drapeau, celui de la ville, les enjambées d'une jeune femme ou la course d'un cycliste.

Face à la diversité de son œuvre, notre exposition s’offre comme un modeste hommage à ses talents. Elle a été montée rapidement avec l’aide de ses proches, de ses amis. En réunissant ses travaux, nous avons réalisé à quel point elle n’était qu’un aperçu des différentes périodes de sa vie foisonnante et débridée. Un livre pourrait en offrir un aperçu plus complet, sa réalisation exige plus de temps.

Un an déjà s’est écoulé, le souvenir de Deltour reste vif dans la mémoire de chacun au point que certains d’entre nous sont incapables de parler de lui à l’imparfait. Daniel reste présent. A côté de ses œuvres, on croit l’entendre rire ou faire un commentaire sarcastique, provocateur souvent, ne mâchant pas ses mots, croquant la vie, brûlant la chandelle par les deux bouts, mais cueillant la beauté au passage.

Dominique Vautier. Janvier 2011


Biographie et catalogue succinct de Daniel Deltour



Né le 10 septembre 1955 - décédé le 18 janvier 2010

Diplômé en arts plastiques ENSAAV – La Cambre avec mention grande distinction

1979 Lauréat du prix de la Jeune Peinture Belge avec l'œuvre intitulé Athènes (non localisée).

Depuis 1981 activité en design et architecture d'intérieur.

1982 exposition à la Galerie l'A à Liège.

1983 création de "BOREAS" avec Guy Ledune. Cette société avait pour but la ré-édition de mobilier moderniste, la création de mobilier et l'agencement en architecture d'intérieur, de type moderniste, ainsi que l'organisation d'une galerie d'art "René & Marcel"(Exposition Linea à Gand).



1984-85 ouverture de la galerie (expositions Jan Fabre, Jean Pierre Ransonnet, Daniel Deleuze et Frankie Deconninck).

1988 à 1990 – En association avec Surplus à Gand, réalisation de nombreux projets d’aménagement de magasins de mode et de design.

1991 à 2001 Activité indépendante, réalisation de projets de transformations d’immeubles d’habitations et de commerces:

- 1991 : A.B.C. Europe à Ixelles (film L'art du brut, André Dartevelle, RTBF, 1999)

- Immeuble de rapport à Ixelles (publication : Bruxelles, Ville Nouvelle, 1995)

- Extension d’une habitation à Boitsfort (film L'art du brut, André Dartevelle, RTBF, 1999)

1993 stations d'essence (Pierre Loze, Daniel Deltour. Du design à l'architecture des stations d'essence, «in» A+ Architecture, Urbanisme, Design, Arts Plastiques, 138, février-mars, 1996, p. 100-101)

1995 Aménagement d'immeubles à Ixelles et conception de salles de bain (Pierre Loze, La salle de bain aujourd'hui... la salle de bain vue par Daniel Deltour «in» A+ Architecture, Urbanisme, Design, Arts Plastiques, 141, août-septembre,1996, p. 74-75)

1999 - 2006 chargé de conférences à l’Institut d’architecture Victor Horta et à l’ENSAV – La Cambre.

2001 exposition Monochromes, rue de Venise, 1050 Bruxelles

2001 création de la porte monumentale du théâtre de La Balsamine.

Depuis 2002 collaboration permanente avec Ma² comme designer de projets.

2004 - 2010 professeur au CAD, section design et architecture d’intérieur.

Depuis 2003 travail photographique visible sur le site flickr : Galerie de photos de daniel deltour 360°: http://www.flickr.com/photos/danieldeltour/

Depuis 2003, participation au réaménagement de la gare centrale. A partir de 2008, projet de plasticien : intervention sérigraphique intégrant la signalétique sur les parois murales revêtues de tôles émaillées du passage souterrain entre la gare et le métro.