Association du patrimoine artistique asbl

Fabien de Cugnac 2000 - 2010
Association du Patrimoine artistique - espace d'exposition

Flac. J’ai lu Flac. Et je l’ai pris dans la gueule.
Il en est sorti une image, une bouche ouverte comme une écoutille, une respiration, un cri, un chant, un râle, une aspiration, une expiration, une inspiration. Une invitation à y pénétrer, à y remonter le cours du temps, à la recherche de l’origine du monde, à notre origine, à notre être le plus intime.
Délicieuse et terrifiante, enivrante, sensuelle, irrésistible.
J’ai plongé dans cette bouche fascinante et en est sortie à son tour une logorrhée d’images, la digue était rompue.
Clair-obscur, du noir absolu vers la lumière. Nette, claquante, impitoyable, trop vraie parfois pour être identifiable l’image met notre cerveau en déroute.
L’image parle à l’âme.
Marcel Duchamp, notre père à tous, nous a dit : Le regardeur fait le tableau.
La question est : Qui es-tu, toi qui me regardes?


Tabou. J’ai touché au tabou.
Las du rejet, j’ai décidé de plaire. Je croyais que le nu féminin plaisait, poncif de l’art de tous les temps. Mes nus cosmiques ont semé l’effroi.
J’en ai pris le contre-pied, l’infiniment grand, la lumière, la couleur, l’image pieuse, l’image que tout le monde aime : le coucher de soleil.
Du décès de mon père à un amour naissant, les couchers de soleil de l’île de Ngor ont été les rimes de mes émotions, le poème de mes sentiments.
Plus tabou encore que le vagin, le coucher de soleil est une image interdite en art contemporain.

Prout prout. J’ai fait le malin. Je me suis cassé la gueule.
Deux fois! N’est pas artiste qui veut.
Et je suis parti aux antipodes, là où les gens ont la tête en bas et les pieds en l’air.
J’ai fait des images pragmatiques, académiques, décoratives, bcbg.
Marchez dessus, ce n’est pas un blasphème, c’est un plaisir (aux antipodes) et lisez les titres, souriez-les, ne vous emmerdez plus : je ne revendique rien.

Amitiés à tous

Fabien de Cugnac
23-02-2010

II Y A DES LIMITES…


Fabien de Cugnac a l’art de fourrer son objectif là où il ne faut pas. Jamais trop loin. Juste sur le point. Entre inter et dit, par exemple. On en reste nous aussi la bouche ouverte. Que dire ? Pas facile de faire l’intelligent. Oui, c’est très beau… Mais difficile à exposer…

Il y a des limites !
Bien sûr. Et tout le monde le sait. Pas la peine d’insister.

Avec ses images à piétiner il a cessé de se tuer au travail. Plein soleil. Pas de problèmes d’éclairage. Sauf que ça gêne toujours. Tire un peu tes pieds de là, s’il te plaît.

On n’a pas idée !
Je ne savais pas que ça existait.
Le bouc est bien. Mais, il ne faudrait pas mal le comprendre…

Faisons des couchers de soleil et des petits chats, comme tout le monde…
Mais pas dans une galerie !
Le monde de l’art contemporain a aussi ses préjugés.
Si on montre ça, on est foutu.

Fabien dessine en pointillés la géographie de nos confins. Il n’y a pas de mot pour désigner ces zones où ça passe mal. Là où c’est trop. Personne n’aime être pris la main dans le sac. Le sac de ces conventions dont on a pas le contrôle, où l’on a rien décidé soi-même, où les autres ont toujours le dernier mot.

On finirait par en perdre son latin. Parlons d’autres choses…

C’était bien ce séjour à l’hôtel de glace ?


Pierre Loze, 11 mars 2010




LOVE ME TENDER

LE FOND DES CHOSES
VICE ET VERTU ANTIPODES


OBJECTIF LUNE

Lorsque les hommes ont marché sur la lune, nous avons découvert des images nouvelles: des agrandissements noir et blanc d’un relief inconnu sous une lumière artificielle. Quand Fabien de Cugnac approche ses objectifs du corps, nous retrouvons ce même sentiment de jamais vu.
Noir, parfois même intensément noir. Doux, velouté, rêche ou humide : coton, satin, soie, mousseline, crêpe ou lin ?
Choqués? N’est-ce pas ce que la nature nous a donné ?

ROMANCE


- Allons prendre l’air.
- Est-ce l’aube ou le crépuscule?
- Le coucher, voyons !
- Puis-je me déshabiller ?
- Mais tu es déjà nue !
- Au fond, je ne sais pas qui tu es. Je sais seulement que tu es un étranger,
que je ne te connais pas.
- La nuit ne fait que commencer. Regarde la mer et le ciel et tu verras
un peu en moi.

HAPPY END

- Tu veux en savoir plus?
- Oui.
- Alors, voici mes amours, mes couleurs, ce qui me rend triste et ce qui me fait rire. Fais-en ce que tu veux : accroche mes toiles au mur ou piétine-les,
si tu le souhaites.
- Et les autres, que vont-ils en penser ?
- Qu’ils en fassent autant !


VOILÀ POURQUOI IL NE FAUT EXPOSER
QUE DU MONDRIAN !



Dominique Vautier, 22 mars 2010