Association du patrimoine artistique asbl
La saison 2013-2014
Après le succès de l'exposition sur les Impressionnistes belges inédits (jusqu'à 70 visiteurs par jour), nous avons réalisé à quel point le public reste désireux de mieux connaître l'œuvre d'artistes du XIXe et du début du XXe siècle dont nos musées ont fait apprécier la qualité et ont construit la réputation, mais dont l'essentiel de la production circule dans des collections privées. Aussi montrerons-nous en avril 2014, exactement à la même période que al'exposition de la saison passée, une sélection d'une quarantaine d'œuvres des années 1870-1890, sous le titre Le Réalisme et l'Impressionnisme en Belgique. Elle s'attachera à retracer la naissance précoce de la peinture de plein air et à mettre en lumière le renouveau artistique qu'elle apporta dans l'art en Belgique.
Mais, dans l'intervalle, nous voudrions continuer à interroger l'art actuel et ses divers modes d'expression qui s'ignorent souvent l'un l'autre et dont certains prétendent seuls pouvoir revêtir l'appellation d'art contemporain. En dépit de l'attachement que le public ressent à l'égard de l'art figuratif, une idée assez commune se répand de plus en plus, considérant que ce dernier est à présent dépassé et n'a plus grand chose à dire. Comme disait cette dame : Moi, je suis pour le contemporain. A rebours de cette opinion guidée par des commissaires, des conservateurs et de critiques avisés et par un monde de galeries et d'agents de vente, très lié à celui de la haute finance et des investisseurs, il nous plaît de penser que les ressorts de la création se trouvent ailleurs que dans ce nouveau conformisme digne de l'académisme d'autrefois. Il se pourrait d'ailleurs que les valeurs qui sont mises au pinacle aujourd'hui connaissent un jour le même sort que celles de l'art pompier, vers 1920, à l'issue de la première guerre mondiale : l'oubli complet et la mutation des francs-or en centimes.
Nous cherchons donc avec curiosité les artistes qui sont actifs et vendent des œuvres dans d'autres cercles et qui semblent à leur façon produire du sens. Paul De Gobert est un peintre figuratif qui utilise ce langage accessible pour évoquer des questions écologiques qui le préoccupent. Son exposition Le jardin sauvage et l'origine du monde débutera le 4 octobre 2013. Elle nous mène dans les sous-bois de son jardin et à travers les forêts et les paysages, à la recherche d'une appréhension de la nature et du vivant très différente de celle qui prévaut dans le monde productiviste des semenciers et des industries agricoles ou des marchands d'insecticides. Ses dessins à la plume et à l'encre rappellent d'une certaine façon ceux des anciens. Il semble avoir regardé très soigneusement ceux de Dürer, Brueghel, ou Poussin ou même ceux de Victor Hugo. Mais regardons-en bien les détails : l'écriture et la technique y sont en fait profondément différentes et vraiment novatrices. Ses peintures et ses pochades évoquent les quatre saisons et la puissance de la nature qui renaît après l'hiver. Comme Courbet et d'autres à sa suite, Paul De Gobert s'est aussi intéressé aux pommes et a fait d'elles un symbole de la diversité de la nature, un souvenir de l'acte originel qui fonde la condition humaine, en même temps qu'un emblème de la liberté. Une exposition qui ouvre sur une réflexion sur la place de l'homme dans le monde entre ciel et terre.
L'exposition suivante, qui ouvrira ses portes en novembre 2013, est née d'une volonté de mieux comprendre notre époque et ses moyens d'expression actuels. En effet, il nous arrive trop souvent de nous enfermer dans un rejet global de l'univers visuel des tags, des graphes urbains ou même des nouvelles formes de graphisme qui naissent d'une contre-culture. From the street to the museum est une exposition qui tente d'apporter un regard sur cet univers, en réunissant plus de 250 skateboard decks ou planches à roulettes, ornées de décors créés à partir des années '80 jusqu'à nos jours. Elle explorera ainsi les thèmes et les moyens d'expression auxquels les jeunes Américains et à leur suite ceux du vieux continent, ont accoutumé leurs yeux et leur sensibilité. Cet art qui s'est développé en marge des institutions, mais que la plupart des jeunes ont approché à un moment de leur adolescence influence à présent la communication visuelle de nos journaux, la mise en page, le langage et les couleurs de la photo, de la publicité ou même de la mode. Une enquête approfondie pour comprendre un des aspects méconnus de l'art contemporain et son influence sur le goût.
L'association du Patrimoine artistique est une asbl vouée à la recherche en histoire de l'art et à la valorisation du patrimoine. L'espace d'exposition dont elle dispose n'a pas de finalité commerciale, mais constitue un lieu de réflexion permettant la découverte ou la redécouverte de différents aspects de l'art et du patrimoine passé et à venir.
Pierre Loze
Directeur scientifique