Association du patrimoine artistique asbl

Paul Philippot

Restoration from the Perspective of the Humanities
«in» Historical and Philosophical Issues in the Conservation of Cultural Heritage, Readings in Conservation, Getty Conservation Institute's, Los Angeles, 1996, p. 216-229 (trad. de Restaurierung aus Geiste, 1983, p. 1-9,

Paul Philippot

La restauration, acte critique
«in» L'acte restaurateur. Dossier, Recherches Poïétiques, 3, Hiver 1995-96, p. 18-25
Le problème principal que pose ce texte est de savoir si la restauration peut, sans trahir sa mission, prétendre à une créativité propre. Dans la première partie de l’article, l’auteur rappelle synthétiquement les positions formulées dans le passé et ce jusqu’à la Teoria de Cesare Brandi. Par la suite, l’expérience acquise dans le domaine des sculptures polychromes a permis la conceptualisation des termes concrets du problème sur base d’une typologie spécifique aux produits manufacturés. La question de la patine et du nettoyage des œuvres d’art, responsable ainsi qu’on peut le voir dans le théâtre de Marcellus à Rome de graves altérations tectoniques, est particulièrement délicate. Mais c’est dans la question du traitement des lacunes qu’on peut relever le plus clairement que “la restauration ne peut être en elle-même une création sans pour cela faillir à sa mission, ceci ne veut pas dire qu’elle doit se restreindre dans un champ purement intellectuel, externe à l’œuvre, mais qu’elle doit se poser comme acte de reconnaissance critique de l’œuvre elle-même.”

Paul Philippot

L'oeuvre d'art, le temps et la restauration
«in» Histoire de l'art, De la restauration à l'histoire de l'art, 32, déc. 1995, p. 3-9
Analyse de la constitution, à partir du XVIIIe siècle, des principes fondamentaux qui régissent la conception moderne de la restauration. La restauration se fonde sur la reconnaissance de l’œuvre et cette reconnaissance équivaut à une forme de pré-compréhension herméneutique. Le restaurateur est en ce sens, le véritable interprète de l’œuvre. En référence aux analyses du temps dans les œuvres d’art, développées par C. Brandi, on peut établir la possibilité de deux types de recherches historiques: l’histoire du goût et l’histoire de l’art, cette dernière étant la seule à se faire en présence de l’événement (l’œuvre d’art, justement). La confusion entre l’histoire de l’art et l’histoire du goût est particulièrement fréquente dans les restaurations contemporaines mais celles-ci, en réalité, ne présentent pas de différences qualitatives par rapport à la restauration d’art ancien. Le texte se conclut par l’évocation des prémisses et des conséquences d’une restauration à l’identique, d’une restauration archéologique et d’une intervention critique, en se référant plus particulièrement au problème de la réintégration des lacunes.

Paul Philippot

Histoire et actualité de la restauration
«in» Annales d'Histoire de l'Art et d'Archéologie de l'ULB, XII, 1990, p. 135-145, dans Histoire de la Restauration en Europe, Actes du Congrès International (Interlaken, 30 nov.-2 déc. 1989) , Worms, 1991, p. 7-13.
Le développement de la conscience historique moderne et la constitution de l’esthétique, en tant que discipline spécifique, constituent les prémisses de la naissance de la problématique de la restauration, advenue en Europe au XIXe siècle. Alors que la théorie a progressivement dépassé le conflit entre les positions de Ruskin et de Viollet-le-Duc, la pratique est toujours confrontée à des solutions contradictoires. On assiste fréquemment à l’escamotage d’un diagnostic critique adéquat, comme on peut le voir à propos des interventions menées, par exemple, sur les peinture des grottes d’Ajanta, les kakemono japonais, l’album d’Arenberg ou sur certaines icônes dévernies dans les pays balcaniques. La continuité de la tradition artisanale distingue le monde oriental et l’Occident, mais la problématique de la restauration est unique puisqu’elle repose toujours sur le respect de l’authenticité historique. La tradition artisanale, encore perçue comme originale en Orient, est en effet ressentie comme artificielle ou kitsch en Occident.

Paul Philippot

Preserving World Art. Conclusion
«in» World Art. Themes of Unity in Diversity, Actes du XVIe Congrès International d'Histoire de l'Art (Washington D.C., 10-15 août 1986), Edited by Irving Lavin, Part VII, Preserving World Art, University Park and London, The Pennsylvania State University Press, 1989, vol. III, p. 891-893
"La conception occidentale moderne de la restauration se fonde sur la rupture entre le présent et le passé, lequel est objectivé et transformé en histoire, c’est-à-dire en connaissance, alors que le sens de la continuité est sublimé par un sentiment romantique. Le conflit entre l’objectivation qui ""muséalise"" l’œuvre et la recherche d’une relation authentique, qui s’exprime seulement dans la subjectivité, reste cependant latent. Les figures de Ruskin et de Viollet-le-Duc restent emblématiques: ""en posant l’authenticité de la forme stylistique abstraite, dissociée de la matière, Viollet-le-Duc entend justifier le processus de restauration, tandis qu’en voyant l’authenticité dans la matière de l’œuvre et dans le travail de l’artisan, Ruskin ne veut admettre que la stricte conservation"". C’est pourquoi, aujourd’hui encore, on cherche à concilier ""le respect de l’authenticité historique, matérielle, la valeur de document et l’unité esthétique encore potentiellement présente dans l’œuvre mutilée. Essentiel est donc le sens de la continuité de la tradition, interrompu en Occident mais toujours présent au Japon, où il coexiste avec les techniques contemporaines. Dans le monde occidental, cette rupture n’est pas sur-passable; la récupération ""artificielle"" de l’artisanat traditionnel ouvre la porte à un conflit ouvert parce que ""la vie réfute l’objectivation muséologique"" dans la mesure où la sauvegarde peut mener à la constitution d’une ""impossible réserve historique, impossible parce qu’à la différence des réserves naturelles, la réserve historique est morte""."

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Conservering en ethiek
«in» Symposium ter gelegenheid van 25 jaar Textielcommissie Musea, Textielcommissie Musea, Commissie tot Behoud van het Museaal Textielbezit, Actes du colloque (Amsterdam, nov. 1987), Amsterdam, 1988, p. 45-57
Cette contribution reprend l’argument déjà développé dans Die Ethik der Restaurierung (1986), en s’attachant plus particulièrement au thème spécifique de la conservation des textiles. La restauration a commencé avec la reconnaissance des valeurs de l’œuvre d’art et la décision de les sauvegarder. L’information préliminaire sur l’œuvre est donc d’une importance capitale, particulièrement pour la définition de ces valeurs. L’unité fondamentale entre l’objet et l’histoire est ainsi posée au centre de la réflexion. Du fait du rôle essentiel qu’il assume, le restaurateur doit se voir doté d’une formation adéquate et d’un statut correspondant à ses responsabilités.

Paul Philippot

Le nettoyage des peintures. Réflexions critiques
«in» catalogueWatteau. Technique picturale et problèmes de restauration, Université de Bruxelles, 22 novembre-12 décembre 1986, Cahier I des Annales d'Histoire de l'Art et Archéologie de l'ULB, 1986, p. 83-87
"Le mauvais état de conservation de nombreuses peintures de Watteau a rendu nécessaires diverses interventions de restauration, qui ne sont pas toutes convaincantes. Certains des dommages ont été causés par la tendance au nettoyage ""radical"", typique du monde anglo-saxon. Une position ""pseudo-scientifique"" pose la question du nettoyage en termes matériels; elle soutient que ce qui n’est pas une matière originale est une altération et doit, en conséquence, être éliminé, toutes les autres orientations théoriques étant le fait d’une position subjective. Ignorer le problème esthétique n’est pas, en réalité, plus scientifique que d’aborder l’œuvre d’art dans les termes non matériels qui lui sont propres. Le facteur esthétique loin de disparaître s’exprime au niveau du goût: dans les nettoyages des années quarante, on peut voir, par exemple, une projection du chromatisme expressionniste. L’ouverture du problème pratique contraste avec le silence du débat théorique. Le rôle de l’historien d’art est donc primordial; toute décision d’intervention requiert la définition d’une stratégie et d’un débat dont les termes doivent irrévocablement être historiques. "

Paul Philippot

Over de behandeling van lacunes in schilder- en beeldhouwwerk
«in» Het retoucheren in de restauratie van kunstwerken . Een esthetisch en technisch probleem. Symposium 11 en 12 dec. 1980, Jan Van Eyck Academie Nederland, 1985, p. 5-10

Paul Philippot

La conservation des œuvres d'art : problème de politique culturelle
«in» Annales d'Histoire de l'Art et d'Archéologie de l'ULB, VII, 1985, p. 7-14
La restauration procède de la lecture et de l’interprétation critique de l’œuvre d’art, c’est pourquoi elle requiert l’examen préliminaire des stratifications historiques de l’œuvre et de leur état de conservation. Des erreurs d’appréciation impliquent des erreurs d’intervention, comme dans le cas du célèbre album d’Arenberg. Aujourd’hui, le respect de l’authenticité est mis au centre de la méthodologie de la restauration, mais en même temps on assiste à une prolifération d’interférences stylistiques et de destructions d’édifices originaux. Opposée, mais toute aussi erronée, est l’attitude de ceux qui au nom du respect de l’authenticité réfutent toute intervention intégrative. La manipulation des reproductions artistiques de la part des revues notamment, le manque de références critiques dans le nettoyage des peintures, l’absence aussi de statut pour les restaurateurs et la prolifération conséquente de cours de restauration, insuffisants ou discutables, sont responsables de nombreuses erreurs. C’est pourquoi une politique culturelle de la conservation soucieuse de la formation des restaurateurs, des structures institutionnelles spécialisées et de l’information du public, est plus que jamais nécessaire. Plus que du progrès technique, la lutte pour une conservation efficace dépend d’une diffusion effective de meilleurs standards et d’un débat interdisciplinaire aux arguments d’un meilleur niveau.

Paul Philippot

Gemäldereinigung : ein neuzuerörterndes Problem
«in» Restauratorenblätter der Denkmalpflege in Osterreich, VI, Vienne, 1984, p. 46-48
Les plus récentes méthodologies en matière de restauration picturale sont évoquées ici et appréciées d’un point de vue critique. Le nettoyage radical des peintures a rencontré un succès toujours plus grand, d’abord dans les pays nordiques et puis dans ceux plus méridionaux mais ce type de restaurations recourt à des techniques empiriques au lieu de s’inspirer d’une théorie de la restauration fondée sur la reconnaissance des valeurs esthétiques et critiques des œuvres d’art.